J’ai eu récemment une conversation avec un ami qui a eu une fille l’an dernier, qui m’a fait réaliser certaines choses.
Très sûr de lui, il m’expliquait qu’il est légitime que les mères aiment instinctivement leur enfant dès qu’elles posent le premier regard sur eux, et qu’il est bien évidemment normal que pour lui et tous les autres pères cela soit différent. Selon sa théorie, parce que les femmes l’avaient senti bouger et l’avaient porté pendant 9 mois, elles ne pouvaient que tomber follement amoureuse dés la première rencontre.
Il est resté très surpris, lorsque je lui ai dit que sur ce point-là, les hommes et les femmes ne sont pas si différents. Ou peut-être que j’ai une vision masculine !
Une chose est claire : un de mes plus beaux souvenirs est l’instant où j’ai eu mes enfants sur mon torse pour la première fois. En plus de cette sensation de bien-être, en les regardant j’ai transpiré d’amour et je savais que cet accouchement long et pénible était terminé. Pendant quelques minutes, j’ai mis de côté mes souffrances et j’ai savouré le moment. J’ai pensé que tout ce que j’avais enduré en valait la peine.
J’ai beaucoup souffert lorsqu’ils les ont pris pour leur faire leur révision et pour m’emmener en salle post-opératoire, mais en même temps, j’étais tellement perchée… entre les drogues reçues pour le travail et celles de la césarienne, j’étais sur un petit nuage. Le simple fait d’avoir terminé l’accouchement me faisait planer. Je me souviens avoir dit à une des infirmières qui s’occupait de moi, que je me sentais comme au nirvana d’avoir deux merveilleux petits bouts sains.
J’étais en harmonie avec moi-même. C’était comme faire un marathon en montagne et que là, j’étais arrivée sur la cime, comme une championne. La respiration profonde, le sourire béat, le cœur battant rempli d’émotions, et cette petite musique de fond imaginaire qui ne cessait de m’envahir. Une sensation de paix et de sérénité !
À ce moment-là, je pensais que cette débandade de sentiments si forts n’était que le fruit de la procréation. Cependant, aujourd’hui je sais que la quantité exagérée, mais pleinement satisfaisante de drogue reçue, m’a aidé à me sentir si détendue et si enthousiaste.
Néanmoins, il faut reconnaitre, qu’après plusieurs jours, lorsque la réalité m’a pris de plein fouet, mes sensations de gagnantes sont retombées en pic. J’étais de retour à grimper cette fichue montagne ! J’ai même pensé : mais qu’est-ce que j’ai fait ? Et pourquoi en plus j’étais si fière de porter en moi des jumeaux, comme si cela me rendait spéciale… quand en réalité, je ne sais pas si je me sens capable de gérer cette situation. Cela prend du temps de repousser la frontière de l’égoïsme, de faire abstraction de mes propres nécessités, celles de mon sommeil, celles de mon temps et celles de mon couple.
L’amour que j’éprouve pour mes enfants ne cesse de croitre, et je sais que c’est réciproque. À présent, ils ne me cherchent plus uniquement pour manger ou se faire câliner, ils veulent passer du temps avec moi, ils veulent que l’on joue ensemble. Nous avons appris à nous connaitre. Les bébés sont devenus des petits garçons. J’ai expérimenté plusieurs émotions : le rire, la tendresse, la frustration, la peur, la colère. Une nouvelle apparaît : celle qui exprime un amour inconditionnel, un amour spécial et unique, différent de tout ce que j’ai pu éprouver jusqu’ici. Il est différent de celui que l’on ressent pour un ami, ou un membre de la famille, ou même pour un homme que l’on aime tendrement. C’est ce que j’appelle l’amour avec un unique “a”. Il a presque toutes les caractéristiques de celui que je ressens pour le papa, mais sans le côté charnel.
Quand je pense à eux, je n’ai pas des papillons dans le ventre, c’est plutôt comme avoir un joli colibri dans la tête. Je peux sentir que mon cœur déborde d’amour. Je perçois la vraie beauté des choses. Je savoure les moments présents et la magie d’être en leur compagnie. En même temps, je suis toujours alerte, je garde toujours un œil sur eux pour m’assurer qu’ils ne leur arrivent rien. Je ne peux m’empêcher de les protéger.
Donc oui, l’amour que je ressens à présent pour mes enfants est beaucoup plus fort. Je crois qu’au début, il s’agissait davantage d’ego que tellement d’amour inconditionnel. Nous sommes fières que le fruit de notre amour pour notre homme soit le résultat d’un (ou 2 ! 🙂 ) être adorable, mais le vrai amour, ne vient qu’après.
Et ceci me fait penser à autre chose : comment évoluera cet amour quand son existence ne dépendra plus autant de moi ? Lorsque je ne le verrais plus tous les jours ? Quand il ne verra plus en moi, la solution à ses préoccupations ?
Je suis incapable de me projeter aussi loin dans le futur ! Cependant, je me plais à imaginer que tel l’amour que j’ai pour leur père, il sera linéal et sans hiérarchie de pouvoir, un amour naturel, avec ou sans oxytocine !
Vous avez d’autre manière de vous référer à l’amour que vous ressentez pour vos enfants ? Merci de partager vos sensations.